Asociación para el estudio de temas grupales, psicosociales e institucionales

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La culture de l'analyste de couples et de familles, Thomas von Salis


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La culture de l'analyste de couples et de familles [1]

Thomas von Salis[2]

En collaboration avec Erich Otto Graf et Elisabeth von Salis

AGOG (Arbeitsgemeinschaft Operative Gruppen) Suisse

Le terme "culture" correspond non seulement à celui de la "Kultur" (en allemand), mais aussi à la "Bildung" qui veut dire formation de l'esprit, socialisation – telle que par ex. dans une culture scolaire, voire universitaire, mais aussi aux connaissances dans le sens le plus général.

Le terme allemand de "Bildung" a surtout été défini par Wilhelm von Humboldt, un contemporain et collaborateur étroit de Goethe et Schiller. L'université de Berlin porte son nom.

Humboldt aurait dit que, en ce qui concerne la formation (culturelle):

"Transformer le monde, autant que possible, en la propre personne – voilà qui est la vie au sens supérieur de la parole."[3]

J'y comprends qu'il met l'accent sur l'intériorisation (optimale) du monde externe, et qu'il y voit, dans la "Bildung", la valeur fondamentale pour la vie.

Un autre auteur[4], au milieu du siècle passé, trouve la formule suivante pour dire ce que les enfants qu'il observe sont entrain de faire et qui sera déterminant pour leur "Bildung":

"Souvent nos enfants sont prêts, plus que l'on attendrait à la première vue, à élargir leurs concepts des bornes de leur self afin d'inclure d'autres personnes, des adultes bienveillants, leurs groupes, l'institution entière à laquelle ils éprouvent un sens d'appartenance, etc."[5]

Selon Erich O. Graf les cultures sont des réceptacles, des archives d'enveloppes pour des significations, parce qu'elles contiennent les styles de pensée d'une forme donnée de socialisation en un endroit précis et dans un temps déterminé. [6]

Les significations et les valeurs qui caractérisent une culture sont contenues dans toute description d'une société et sont déterminantes pour celle-ci. Graf cite le philosophe Josef Mitterer qui parle de la société comme donnée historique, consistant en descriptions "so far" (jusqu'à présent) et des descriptions "from now on" (à partir de maintenant). Ces dernières seront décisives pour les moments instituants de la société, tandis que les premières résultent des contextes culturels qui servent comme orientation pour la description que les hommes en société font de leur ensemble socialisé, elles correspondent donc à leur partie institutionnalisée.[7]

Dans la terminologie de Pichon-Rivière, "so far" correspondrait à l'ECRO 1, et "from now on" à l'ECRO 2.

Je cite ces formules philosophiques et psychologiques pour dire quelque chose sur le "style de pensée" actuel qui est prévalent dans ma façon de voir le problème de la culture.

Dans le moyen âge le terme "Bildung" contenait l'idée que l'homme est formé selon l'image de dieu. Mais le "Maître Eckhart" (né environ 1260) ne veut pas jouer le dogmatiste religieux, mais plutôt l'homme cultivé. Il insiste que son idéal de l'homme cultivé est inséré dans la vie de manière à (re)produire de la vie à son tour.: "Meister Eckhart selbst versteht sich nicht als scholastischer Lesemeister, sondern als Lebemeister: Es geht ihm darum, dass sein Ideal vom gebildeten Menschen so in das Leben gestellt wird, dass es wieder Leben erzeugt[8]

Avec Érasme "Bildung" devenait un postulat pour la socialisation et l'éducation de l'homme. Il eut une grande influence sur la réforme de l'église et était estimé comme un des plus grands intellectuels de son époque. Sa maîtrise du latin et du grec et sa productivité de livres, utilisant la nouvelle technique de l'impression, y avaient contribué.

Michel de Montaigne qui connut les dévastations de la guerre civile religieuse au temps de la réformation en France, mentionne la pulsion épistémophilique[9] comme donnée naturelle. Il dit que lui-même, plus que toute autre chose, étudie soi-même, donc sa propre personne. Il dit qu'il préfère apprendre par son expérience personnelle, comme par exemple par celle d'une colère avec des conséquences néfastes. Il reconnaîtrait la laideur de ce comportement mieux en se souvenant de soi-même que par l'étude d'Aristote[10]. Mais son discours est rempli de citations d'auteurs classiques, reproduits en latin sans traduction!

Au temps de la guerre de trente ans (1618-1648) Comenius mettait l'accent sur l'érudition, terme qui veut dire "sortir de la rudesse" – devenir humain.

Dans son œuvre "Pampaedia", Comenius porte en avant une formation générale et englobante de base pour tous les hommes, indépendamment de l'âge, du sexe et de la provenance sociale.[11]

Les lumières du 18e siècle connaissaient et utilisaient le terme "formation" (Bildung) avec une composante morale – de perfectionnement (Pestalozzi - 'Idee der Elementarbildung"[12], Kant)[13]. Ce qui a commencé avec les philosophes de la lumière, prend son cours dans le 19ème siècle, c.à.d. une accentuation de l'individu libéré des contraintes religieuses et institutionnelles.

Dans la société bourgeoise "avancée" décrite par Adorno au milieu du 20ème siècle, le sujet perd de plus en plus le rapport réel avec l'objet de la connaissance et perd toute liberté, il est le produit des forces économiques et de l'influence exercée par l'idéologie de la croissance[14]. Le fameux livre Brave New World de Aldous Huxley[15] est une caricature de cet état de choses: Le fabricateur d'automobiles Ford y est constamment cité comme fondateur de la religion contemporaine basée sur la rationalisation du travail et l'uniformité de la société de masse. La connaissance et la lecture d'anciens livres étaient absolument interdites dans le "beau nouveau monde". Suivant Adorno, l'érudition et la culture se décomposent inévitablement et cèdent la place à ce qu'il nomme semi-formation, "Halbbildung".

Le marxisme et plus tard la psychanalyse avaient donné naissance à des évolutions contre-idéologiques et critiques qui ne servent pas seulement à l'individu de sortir de son immaturité personnelle, mais aussi aux groupes et institutions à devenir plus proprement orientés vers leur tâche. J'emprunte cette formule de la "tâche" des écrits de Pichon-Rivière, José Bléger et Armando Bauleo[16]. Ça veut dire – comme je l'entends maintenant, à la suite d'études psychanalytiques (individuelles et des groupes), que la "réalité" ne peut être comprise ni comme quelque chose en soi mais doit être construite au cours d'un processus groupal et institutionnel dans une situation donnée. Ce processus comprend toujours de l'interprétation et des découvertes qui ne se font jamais sans un certain travail contre la résistance. Cette résistance contre le dévoilement de ce qui est inconnu à la suite de processus individuels de répression, refoulement etc. et des processus d'institutionnalisation comme l'entendent les "institutionnalistes" tels que Lourau et Lapassade, ne peut être facilement vaincue. C'est grâce à des émergeants comme par exemple des surprises qui font rire ou d'autres moments affectifs, qu'on a accès à ce qui auparavant restait dans un état de latence dans le groupe.

Bachelard[17] utilise le terme d'obstacle épistémologique pour désigner la résistance que l'expérience oppose à la découverte scientifique. Son œuvre philosophique qui se centre sur la théorie de la connaissance tient compte du développement rapide des sciences dans le 20me siècle.

Le médecin et sérologue polonais Ludwik Fleck a, par son travail de sociologue de la science, créé les termes de "Denkstil" (style de pensée) et "Denkkollektiv" (collectif de pensée) dans son livre Genèse et développement d'un fait scientifique.[18] En retraçant les premières étapes historiques de la médecine en ce qui concerne la syphilis, il remarque: "Seules les relations qui sont expliquées conformément au style dominant s'impriment dans la mémoire sociale et possèdent la capacité de se développer". C'était pour commenter le besoin apparent à l'époque de 1500, de ne pas se contenter à la description du caractère contagieux et sexuel de la maladie, mais de l'expliquer avec des relations astrologiques.

Fleck avait démontré que la découverte de la réaction Wassermann pour diagnostiquer la syphilis, n'était pas le mérite de l'intuition d'un chercheur génial individuel, mais produit d'un "processus historique unique qu'on ne peut ni reproduire expérimentalement, ni légitimer logiquement. Des motifs à la fois sociaux et psychologiques et une sorte d'expérience collective ont façonné la réaction, parmi de nombreuses erreurs. La relation que la réaction de Wassermann entretient avec la syphilis, un fait indubitable, est de ce point de vue un événement de l'histoire de la pensée."[19]

Latour commente: "On voit combien l'assimilation du collectif de pensée à la notion de paradigme serait malencontreux. Kuhn, s'il a bien lu Fleck, en a laissé tomber tout l'intérêt, pour ne retenir du paradigme que ce "qu'on ne peut penser autrement" … Passer du style collectif au paradigme c'est vider l'événement de pensée de toutes ses interactions, en faire une banale épistème à la manière de Foucault."

Latour dit, plus en avant dans sa postface: "Voilà ce qui échappe toujours aux explications sociales comme à leurs sœurs ennemies, les explications rationalistes: au lieu d'apparaître comme un simple donné, le fait devient un événement de la pensée.

Pour la théorie du grupo operativo, Fleck est intéressant par ce que Latour souligne: le caractère collectif de la pensée.

Mais revenons dans une époque historique particulièrement significative pour la problématique de la "Bildung". L'époque de Schiller et Goethe en Allemagne me semble spécialement concernée par la formation de l'esprit et de la nature humaine – ceci en rapport avec la question de la réalité et des modes de la saisir. Pour Goethe, le contact immédiat avec la réalité externe par voie des organes de sens, et la réalisation des émergences du monde intérieur étaient d'une importance primaire. C'était, chez lui, non seulement un raisonnement philosophique, mais aussi un problème psychique. Il avait besoin de s'orienter à une donnée immédiate sensorielle pour ne pas se sentir mal à l'aise. On peut, en tant qu'analyste de nos jours, penser aux cas limites (borderline) ou aux intoxications légères causant du vertige, des hallucinations, et donc de la peur: On peut souvent neutraliser ces états par le contact immédiat avec la réalité extérieure. Pensez aussi au simple test neurologique: on peut plus facilement garder l'équilibre lorsqu'on a les yeux ouverts.

Goethe et Schiller avaient commencé leur relation amicale relativement tard dans leur vie. Le lien avec Schiller a permis (selon Safranski)[20] que Goethe se connaissait mieux soi-même. Il remercia Schiller pour l'avoir rendu attentif à soi-même: Une pulsion de formation poétique agissant constamment vers l'intérieur tout aussi comme vers l'extérieur, fait le point central et la base de mon existence. Lorsque cela se comprend, toutes les contradictions apparentes restantes se dissoudront "Immer tätiger nach innen und aussen fortwirkender poetischer Bildungstrieb macht den Mittelpunkt und die Base seiner Existenz; hat man den gefasst, so lösen sich alle übrigen anscheinenden Widersprüche."[21] C'est ainsi qu'il décrit son processus de formation. Par le terme "Bildungstrieb" (pulsion de formation), Goethe conçoit quelque chose comme la "pulsion épistémologique" que connaissent les psychanalystes. Schiller nous fait voir que la créativité n'est pour Goethe pas simplement un don individuel et propriété personnelle, mais plutôt un processus basé sur les liens et l'interaction entre les personnes constituant un groupe très spécifique.

Il me paraît significatif que l'amitié entre Goethe et Schiller a commencé avec leur engagement pour la revue "Die Horen". Schiller s'adresse à Goethe pour gagner sa collaboration et nomme, dans cette première lettre d'une correspondance étendue et exceptionnelle, les noms du groupe des futurs rédacteurs de cette revue: Fichte, Woltmann, von Humboldt. Ils seront les co-rédacteurs avec Schiller et Goethe. Goethe répond immédiatement en positive. Il se réjouit d'entrer dans ce groupe et de se lancer dans le projet. Au bout de deux mois, Schiller écrit à Goethe:

"Nos entretiens récents ont mis en mouvement toute la masse de mes idées. Votre regard observant qui reste si tranquillement et en toute pureté sur les choses ne vous écarte pas du bon chemin, tout en évitant la spéculation et l'introspection volontariste et autosuffisante."

"Die neulichen Unterhaltungen mit Ihnen haben meine ganze Ideenmasse in Bewegung gebracht … Ihr beobachtender Blick der so still und rein auf den Dingen ruht, setzt Sie nie in Gefahr, auf den Abweg zu gerathen, in den sowohl die Spekulation als die willkürliche und bloss sich selbst gehorsame Einbildungskraft sich so leicht verirrt."[22]

Voici les deux amis qui découvrent bien avant Freud des principes psychologiquement bien connus de nos jours, c.à.d. que la pensée s'organise au cours de l'interaction humaine orientée par une tâche commune. Déterminer cette tâche veut dire non seulement décider par un acte de volonté de ce qu'on va faire ensemble, mais aussi reconnaître ce qu'il y a à faire. J'entends que ce caractère superégoïque de la tâche doit être reconnu et interprété – interprétation qui doit se référer au contexte social. C'est donc entreprendre un chemin en commun pour apprendre la réalité du contexte, la réalité sociale. Il va sans dire qu'une telle initiative et un tel procéder feront du plaisir et donneront lieu au sentiment d'être bien ensemble – on connaît le terme de "l'appartenance groupale" pour désigner la situation interne (subjective) des membres d'un groupe qui a une tâche commune.

C'est le moment pour venir au thème de notre congrès: Qu'en est-il de la culture de l'analyste de familles et de couples?

On pourrait partir de la situation de l'analyste en face de ses patients qui demandent son aide parce qu'ils ont des problèmes pour se mettre d'accord sur la tâche qui les réunit – ou qui devrait les réunir.

Je cite, pour choisir une approche facile, l'exemple d'un collègue systémicien qui m'a surpris par le contraste par rapport à tous ce que j'avais appris. Il a présenté une situation thérapeutique avec une famille, par laquelle il s'est fait dessiner l'arbre généalogique. Alors, au lieu de procéder à une analyse transgénérationnelle comme je l'aurais attendu, il a dessiné l'arbre généalogique de sa propre famille pour y trouver des parallèles. – J'étais frappé par ce que je ressentais comme une différence de cultures qui nous séparait. Je ne pouvais pas voir quel bénéfice l'approche de mon collègue pourrait avoir pour la thérapie. Je me trouvais même révolté.

Alors que j'avais appris de me comporter en thérapeute psychanalytique avec toutes les règles qui devraient servir à faciliter l'établissement d'une coopération thérapeutique aussi bien entre les clients et moi-même qu'entre les clients eux-mêmes, et d'éviter toute complicité et tout excès de séduction, mon collègue semblait se comporter de façon exactement contraire. Mais peut-être je me suis trompé: Aurait-il agi de sa manière justement pour se mettre plus proche à la famille cliente, soit pour implicitement réduire l'idéalisation du thérapeute?

La formation du psychanalyste rend explicite l'implicite. Elle consiste en tout premier lieu en l'analyse personnelle du thérapeute, par laquelle il fait l'expérience de sa propre pathologie. Il se familiarise avec le rôle du patient. Ensuite, dans son travail avec ses patients, il fait l'exercice de changer de rôle; il est tantôt thérapeute, tantôt patient (analyse du contretransfert) et apprentis-analyste (supervision, études théoriques). Sa formation lui permettra de faciliter à ses patients de faire des expériences et de l'apprentissage analogue: Ils auront plus de facilité de changer de rôle, de se voir tantôt comme des patients et tantôt comme des partenaires, des éducateurs, et aussi des thérapeutes, parfois en supervision et en superviseurs, toujours selon les circonstances de leur réalité sociale. C'est cette réalité (psycho-) sociale qu'ils apprennent à mieux connaître et à maîtriser avec l'aide de leur thérapie.

Je suppose que pour entrer dans un tel curriculum de formation, le terrain doit être en quelque sorte préformé. Il y a donc une culture de l'analyste avant qu'il entreprenne une formation d'analyste. Cette précondition comporte, je suppose, une orientation de l'esprit vers la recherche et une curiosité combinée avec de la sympathie pour les autres membres de la société et aussi pour le contexte général. Le motif de devenir thérapeute contient bien entendu aussi des composantes de pathologies et de traumatismes vécues par sa propre personne et par son entourage.

Se confier à un maître analyste présuppose tout d'abord une attente pas trop pessimiste (qui produirait de la paranoïa), une capacité de s'identifier passagèrement avec des modèles pour ensuite trouver son propre mode de faire, et une curiosité de voir plus clair là où il y a du "brouillard". Dans un champ de pratiques et d'idéologies tellement complexes et imprégné de contradictions, il faut du sens critique, exemplifié par des auteurs non seulement comme Freud et les auteurs qui ont élargi ses idées et ouvert des chemins nouveaux en psychanalyse, mais aussi comme Adorno et Horkheimer en philosophie et beaucoup d'auteurs des belles lettres. On pourrait continuer la liste en incluant les grands intellectuels tels que Sartre, Foucault et beaucoup d'autres chercheurs, dont par exemple Ludwik Fleck (cité en haut pour sa conceptualisation originelle du "style de pensée" et du "collectif de pensée").

Si l'esprit régnant au cours de la formation était imprégné de méfiance et de contrainte, elle risquerait d'aboutir aux abus des instruments thérapeutiques. Par exemple un thérapeute qui a souffert à son tour des abus au cours de sa socialisation, pourrait utiliser son pouvoir et ses connaissances moins en faveur de ses patients que de ses propres intérêts – ceci bien entendu souvent à son propre insu.

La discussion sur la formation ne prendra pas fin, puisque les problèmes continueront à surgir et des solutions par l'institutionnalisation de la formation ne seront jamais définitivement trouvées.

Si nous tentons de tirer des conclusions de toutes ces considérations, c'est qu'il vaut mieux favoriser et supporter l'initiative de recherche et la curiosité alimentée par la sympathie pour les forces de la vie (éros) que d'essayer de contrôler la formation avec des moyens de force dans une structure institutionnalisée.

"La formation" et "la culture" sont des termes qui désignent des états de choses très complexes et pleins de contradictions. Ce n'est pas sage de vouloir trop strictement réglementer et contrôler les processus de formation, surtout dans le domaine de la psychothérapie. Par contre il est désirable – même nécessaire – que ces processus prennent place dans des conditions inspirées par les principes démocratiques et des hiérarchies horizontales qui impliquent qu'on favorise les échanges entre analystes en formation et formateurs et qu'on favorise un climat de bienveillance et de curiosité scientifique. Le travail conceptuel ne devrait pas aboutir à un dogmatisme rigide, mais au contraire encourager la recherche continuelle qui permet la discussion libre et fructueuse de tout ce qui aboutit dans le "dogme", c.à.d. dans des énoncés d'opinions bien compréhensibles et utiles pour la pratique.

Le dogmatisme comme obstacle épistémologique, donc la non-compréhension du dogme, prend son origine non seulement dans une simple carence de "culture", mais dans des processus d'institutionnalisation, bureaucratisations, et sous l'influence de l'idéologie dominante.

En confrontant mon expérience en pratique psychothérapeutique avec les considérations théoriques des psychanalystes et de certains philosophes comme Adorno, je jette un regard sur mes quelques patients que j'ai pu suivre pendant plusieurs décennies[23]. Alors, je constate qu'il y a de la convergence en ce qui concerne la difficulté, mais aussi la possibilité de changement vers une structure psychique plus flexible et compétente pour l'adaptation active et passive à la réalité. Cette définition de l'adaptation est prise de Pichon-Rivière et non pas de la psychologie du moi nord-américaine. (Cette dernière a été critiquée par la gauche pour avoir promu une adaptation (passive) au monde extérieur aliéné et par cela inhibé un développement vers la liberté et l'authenticité. – Je ne partage cette critique que partiellement.) Les changements de structure psychique mentionnées dans mes patients n'ont pu prendre place que par des moments de "séduction" (dans les sens de Laplanche[24]) aux multiples étapes, par la traversée d'états régressés parfois sévères, et en bonne partie aussi grâce à des circonstances extérieures bénéfiques telles que des partenaires de vie, la création d'une famille, et les facteurs du travail avec toutes ses implications institutionnelles.


[1] AIPCF congrès de Sao Paulo 2016. Una síntesis de este trabajo fue presentada en la Asamblea internacional sobre investigación en la Concepción Operativa de Grupo, Rimini, 20-22 de octubre de 2016.

[2] thomas.vonsalis@hin.ch

evonsalis@bluewin.ch

eograf@institutionsberatung.ch

 


 

[3] "Soviel Welt als möglich in die eigene Person zu verwandeln, ist im höheren Sinn des Wortes Leben." https://de.wikipedia.org/wiki/Humboldtsches_Bildungsideal

[4] Redl F. (1966): When we deal with children. New York. The Free Press, Macmillan p.47

[5] "Many of our children are more ready than one would assume at first sight to expand their concepts of the wider boundaries of their selves to include other people, benign adults, their groups, the whole institution to which they feel a sense of belonging, and so on." (Traduction TvS)

[6] Graf E.O. (2016): texte écrit pour cette présentation, non pas publié."Kulturen sind Speicher, Archive von Hüllen für Bedeutungen, weil sie die Denkstile einer bestimmten Form der Vergesellschaftung an einem bestimmten Ort zu einer bestimmten Zeit enthalten." (Traduit en français par TvS)

[7] Graf E.O. ibid.: Gesellschaft ist aufgrund des durch sie hindurchgehenden und sie ausmachenden Lebensprozesses immer eine historische. Sie besteht aus den Beschreibungen so far – was alles umfasst, was wir bis gerade jetzt wissen – und aus den Beschreibungen from now on – was das ist, was wir gerade jetzt tun um eine Bezeichnung von Josef Mitterer dafür zu verwenden. Die Beschreibungen bis jetzt sind die orientierenden Kontexte der Kultur, der Selbstbeschreibung des vergesellschafteten Zusammenhangs der Menschen, ihr institutionalisierter Teil, während die Beschreibungen von jetzt an der Ausdruck ihrer instituierenden Momente sind.

[8] (http://www.bildungssymposium.de/bs/bs3/eckhart.htm).

[9] "Begierde nach Erkenntnis" Michel de Montaigne: Essais. Trad. Herbert Lüthy. Zürich, Manesse 1953, p.842

[10] Michel de Montaigne: Essais. Trad. Herbert Lüthy. Zürich, Manesse 1953, p.852-3 (dans son essai XIII du 3ème livre)

[11] http://www2.ibw.uni-heidelberg.de/comenius/Ausstellung/Plakate_der_Ausstellung/Comenius-Plakat_10_-_Pampaedia.pdf

[12] https://de.wikipedia.org/wiki/Johann_Heinrich_Pestalozzi

[13] https://de.wikipedia.org/wiki/Bildung

[14] Adorno Th.: Theorie der Halbbildung 1959. Gesammelte Schriften Bd. 8 Frankfurt/M. Suhrkamp 1972 taschenbuch wissenschaften 1708, p.93-121. Edition 2006

[15] Aldous Huxley 1894-1963: Brave New World 1932. Die schöne neue Welt S.Fischer Frankfurt 1953

[16] Bauleo A. Ideologie, Familie und Gruppe éd. Thomas von Salis 2013 Münster, Zürich, LIT Verlag.

[17] Bachelard G. 1938: La formation de l'esprit scientifique. Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective. En allemand: Die Bildung des wissenschaftlichen Geistes Suhrkamp Taschenbuch Frankfurt 1987 p.18, 59 …

[18] Fleck L. 1935 Genèse et développement d'un fait scientifique, en français: Les belles lettres 2005

[19] Fleck 1935; 2005 p.259

[20] Safranski R. 2013: Goethe. Kunstwerk des Lebens. Biographie. Carl Hanser Verlag E Book le-tex publishing services GmbH Leipzig

[21] Ibid. p.524

[22] (Traduction TvS)

[23] Une coiffeuse, un juriste avocat, une artiste peintre, une psychologue, un plombier ….

[24] Laplanche J. 2007 Sexual. La sexualité élargie au sens freudien, « Quadrige », 2007 (PUF)

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